dodis.ch/12835
Notice du Chef du Département politique, M. Petitpierre1

Le mardi 9 juillet 1957, j’ai eu à Genève un entretien avec M. Dag Hammarskjöld, Secrétaire général des Nations Unies. L’entretien a commencé à 17 heures 30. Nous nous sommes rendus ensuite pour dîner à l’Auberge de la Mère Royaume et nous nous sommes séparés à l’heure de départ de mon train, à 21 heures 10.

M. H. m’a parlé pendant presque une heure des affaires du Proche Orient, en me donnant en particulier des détails sur les entretiens personnels qu’il a eus avec le Président Nasser et avec M. Ben Gourion. Aucune solution n’est en vue sur les problèmes en suspens. En revanche, un équilibre précaire s’est établi en ce sens que l’Egypte laisse passer les navires israéliens dans le golfe d’Akaba tandis qu’Israël, de son côté, renonce à faire passer des bateaux à travers le canal de Suez. Le problème de Gaza et des réfugiés arabes qui s’y trouvent reste grave.

Le Secrétaire général attache une grande importance au problème de l’Algérie. Celui-ci sera discuté par la prochaine Assemblée générale des Nations Unies. Il y a des chances pour que les Etats-Unis prennent une attitude hostile à la France.

Le problème de la Hongrie n’est qu’un des éléments d’un problème plus vaste. Le rapport de la Commission des Nations Unies sera discuté au mois de septembre, mais cette discussion n’aboutira à aucun résultat pratique. Tout ce qu’on peut espérer après les récents événements de Moscou3, c’est que les dirigeants soviétiques admettent en Hongrie une évolution analogue à celle qui s’est produite en Pologne.

M. H. me donne des renseignements sur son activité, le poids de responsabilité qui lui incombe, la solitude dans laquelle il se trouve et les conditions dans lesquelles il est vraisemblable qu’il sera réélu pour une période de cinq ans.

Sur la Corée, M. H. ne pense pas que le retrait des délégations suisse et suédoise risquerait de compromettre l’armistice4. A cet égard, la situation n’est plus la même qu’il y a deux ans. Toutefois, avant de me donner une opinion définitive, M. H. veut encore se renseigner auprès de ses observateurs en Corée pour savoir comment ils jugent la situation. Il m’écrira5.

Au cours de notre entretien, trois télégrammes ont été remis à M. H. sur l’incident qui s’est produit entre troupes israéliennes et syriennes.

1
E 2800(-)1967/60/17.
2
Ce document n’est pas daté. C’est la date de l’entretien et non pas nécessairement celle de la rédaction de la notice qui a été retenue ici.
3
Il s’agit des accords politiques et militaires signés en mars et en mai 1957 entre l’URSS et le Gouvernement hongrois de J. Kádár.
4
Sur les considérations au sujet du maintien de la Commission de surveillance de l’armistice en Corée, cf. DDS, vol. 19, doc. 110, dodis.ch/8175, doc. 128, dodis.ch/9337, doc. 131, dodis.ch/9339(dodis.ch/8175, 9337 et 9339) et DDS, vol. 20, doc. 2, doc. 52 et doc. 66. Cf. aussi le rapport de A. Zehnder du 13 mai 1955, E 2001(E)1988/ 16/662/6 (dodis.ch/9631).
5
Non retrouvée. Dans un entretien de l’observateur permanent de la Suisse auprès des Nations Unies, à New York, A. Soldati, avec D. Hammarskjöld, à son retour de Genève, ce dernier évoque une lettre personnelle sur l’aspect politique de la question coréenne, vraisemblablement destinée à M. Petitpierre, cf. le rapport confidentiel de A. Soldati du 26 août 1957, ibid. (dodis.ch/12954).