J’ai l’honneur de vous faire tenir ci-joint un rapport émanant de l’un de mes correspondants et qui est de nature à vous intéresser 2.Son contenu me semble digne de retenir l’attention et de susciter la vigilance de nos autorités.
Dans ce même ordre d’idée, je ne puis que répéter combien j’estime urgent que des mesures officielles soient prises en vue de neutraliser la campagne de dénigrement et de fausses nouvelles entreprise par certains de nos journaux contre les états totalitaires. Il importerait également que notre peuple, ou du moins une partie de nos populations se montre plus décente envers les étrangers et notamment les Allemands. C’est ainsi qu’à plusieurs reprises, notre attaché militaire à Berlin a attiré notre attention sur les nombreuses plaintes qu’il reçoit de la part de ressortissants allemands qui ont été l’objet d’insultes ou à tout le moins de remarques déplacées pendant leur séjour en Suisse.
Je pense faire mon simple devoir de chef de notre service de renseignements en vous signalant une fois de plus la nécessité de remédier à un état de fait qui peut avoir un jour pour nous de graves conséquences. Il est inutile de proclamer à l’échelon gouvernemental notre neutralité traditionnelle alors que le même gouvernement supporte que ce principe soit largement infirmé par l’attitude d’une partie de notre presse.
Certes je me rends compte des difficultés que comporte ce problème, mais c’est une raison, me semble-t-il, pour l’aborder de face, et ceci au plus tôt.
Je vous écris cette lettre par «voie latérale»; elle s’adresse plus à vous-même qu’au Département dont vous relevez. En effet, nous avons, vous et moi, des préoccupations communes qui justifient que nous échangions de temps en temps notre manière de voir dans le domaine de la défense spirituelle du pays3.